L’approche narrative auprès des personnes vulnérables

Selon l’approche narrative, nous nous racontons sans cesse de nombreuses histoires sur nous-mêmes pour donner un sens à notre existence : des histoires familiales, éducatives, professionnelles, amoureuses, ou des histoires de vulnérabilités (pauvreté, précarité, exil, handicap, maladie, etc.). Nous construisons ces histoires à partir d’une sélection d’événements vécus, choisis en fonction du contexte de la mise en récit et de ses enjeux, mais aussi en fonction de la posture de notre interlocuteur. Par ailleurs, plus une histoire est racontée, plus elle prend de l’importance. Elle devient ainsi « dominante » et peut entraver l’accès aux caractéristiques identitaires de la personne, à ses capabilités, à ses valeurs, à ses intérêts. Avec les pratiques narratives, l’accompagnateur n’impose pas une solution ou un récit, mais il agit comme un facilitateur. Il ne nie pas l’existence du problème, mais il vise à distinguer l’identité de la personne accompagnée et ses difficultés. Autrement dit, par une posture « centrée et influente », par un questionnement spécifique et une écoute active, le praticien narratif amène la personne accompagnée dans des territoires oubliés ou délaissés, pour faire advenir des expériences précieuses pour elle. La mise en récit de ces expériences permet à la personne accompagnée de se raconter à propos d’elle-même de nouvelles histoires, valorisantes et capables de la mettre en mouvement. Ces « histoires alternatives » relèguent finalement au second plan l’histoire « dominante » de la vulnérabilité et deviennent pour l’accompagnateur l’opportunité de créer les conditions d’une rencontre singulière propice à la mise en œuvre d’une relation d’accompagnement. C’est une manière de passer d’une « approche déficitaire » à une « approche capacitaire » des personnes.